Bonne nuit, bonne santé!
Marie-France Bornais @
Journal de Québec, Publié le: samedi 28 juillet 2012
Bien dormir est synonyme de santé. Non seulement faut-il adopter une hygiène de vie saine pour être en pleine forme, mais aussi
faut-il s’accorder les heures de sommeil nécessaires. Voilà ce que démontre clairement le Dr Pierre Mayer, pneumologue, directeur
de la clinique du sommeil de l’Hôtel-Dieu du CHUM, dans Dormir : le sommeil raconté. Un bouquin essentiel.
« Très peu de gens sont conscients de ça et la recherche nous a amené des réponses des plus intéressantes au cours des dernières années, justement en nous montrant que notre sommeil n’est pas un état passif. Pendant notre sommeil, plusieurs sécrétions hormonales ont lieu. Elles assurent que notre corps ne va pas seulement se réparer, mais aussi que notre métabolisme sera à son mieux », explique-t-il en entrevue. Étant donné que nous passons environ le tiers de notre vie à dormir… autant dormir bien et se réveiller détendu, plein d’énergie, prêt à relever les défis d’une nouvelle journée. Pourtant, ce n’est pas le cas de tout le monde… et beaucoup de gens sont en déficit de sommeil. Le Dr Mayer en reçoit des milliers, chaque année, dans sa clinique, incluant Josélito Michaud et Charles Tisseyre, ce dernier étant soigné pour l’apnée du sommeil. « Juste gruger deux heures par nuit pendant quelques semaines entraîne les mêmes conséquences qu’une nuit blanche. C’est quelque chose qui n’est pas su », ajoute-t-il.
« Comme société, on constate qu’on dort au moins une heure de moins par nuit qu’il y a 20 ans – certaines études vont même jusqu’à deux heures par nuit. Le sommeil est le seul temps compressible dans notre journée. Nos heures de travail sont prédéfinies, nos obligations familiales sont prédéfinies aussi.
Qu’est-ce qui reste? Comprimer un peu notre sommeil. Sur une courte période, on va être capable de rembourser notre dette de sommeil mais sur une longue période, ça peut entraîner des conséquences et nous amener à des mauvaises habitudes qui font en sorte qu’on devient un mauvais dormeur. »
La dette de sommeil peut coûter cher : il parle d’hypertension artérielle, de diabète. « Quand on adopte des habitudes de vie saines, on peut renverser la vapeur. Mais quand on a brûlé la chandelle par les deux bouts et qu’on a développé une maladie coronarienne par exemple, c’est plus compliqué. Les dommages
sont faits. » Le Dr Mayer encourage donc les gens à parler de leur problème de sommeil à leur médecin.

 
Apnée du sommeil
Mal dormir… à cause de quoi? « Les deux problèmes les plus fréquents, c’est l’apnée du sommeil et l’insomnie. Près d’une personne sur dix souffre de l’apnée du sommeil et c’est intimement lié à l’épidémie d’obésité », indique-t-il.
Dans le livre, le Dr Mayer explique clairement ce qui se passe en pareil cas : il s’agit d’un arrêt, une suspension de la respiration. «L’arrêt peut être volontaire, comme lorsqu’on plonge sous l’eau. Mais il peut résulter d’un problème du système nerveux central, du cerveau ou des voies respiratoires. »

 
Insomnie
Concernant l’insomnie, on est vraiment face à un problème de société. « On vit de façon plus stressée, ce qui nuira à notre équilibre veille-sommeil, mais aussi aux rythmes biologiques et à l’alternance du jour et de la nuit. La sécrétion habituelle de mélatonine qui prédisposera au sommeil s’en trouve décalée, donc on va nuire à notre équilibre du sommeil. Quand on couple l’ordinateur, l’éclairage, la lumière, à l’effet stimulant des médias sociaux, c’est clair qu’on ne se met pas dans des conditions favorables pour dormir. »
Heureusement, il y a de l’espoir. « Tout dépend du problème de sommeil, mais la grande majorité – près de huit personnes sur dix – auront repris un niveau de sommeil ou une qualité de sommeil qui les satisfait. Je ne dis pas qu’ils deviennent des superdormeurs, mais dans l’apnée du sommeil comme dans l’insomnie, la grande majorité des personnes reprendront le contrôle sur la situation et auront un sommeil satisfaisant. »