Les hallucinations nocturnes

Source : Canal Vie – article rédigé par Jeanne Dompierre, rédactrice Canal Vie

Imaginez la scène. Vous êtes couchée dans votre lit, paisiblement. Vous vous apprêtez à sombrer dans les bras de Morphée, ou encore vous vous éveillez après une longue nuit de sommeil. Tout à coup, une image choquante vient vous sortir de votre quiétude. À deux pas de vous, entre la commode et le mur, se profile l’ombre d’une bête étrange et terrifiante, mi-homme, mi-animal. Peut-être même émet-elle des sons gutturaux… Terrifiée, vous ouvrez les yeux pour de bon et vous asseyez dans votre lit, sans quitter des yeux cette apparition perturbante. La créature vous défie du regard pendant quelques secondes, avant de disparaître comme elle était venue.

Cette histoire vous apparaît comme le scénario d’un film d’horreur américain ou encore comme les signes précurseurs d’une folie ravageuse, qui ne saurait frapper que quelques infortunés? Les plus superstitieuses d’entre vous ont envie de crier au fantôme maléfique? Détrompez-vous! Il peut s’agir d’une hallucination nocturne, trouble souvent sans réelle gravité, mais néanmoins dérangeant, auquel sont soumises de nombreuses personnes.

Qui en sont affectés?

Les victimes d’hallucinations nocturnes ne sont pas nécessairement des individus aux prises avec des troubles psychotiques, ou encore des consommateurs invétérés de psychotropes.

Les hallucinations, au contraire, peuvent toucher les personnes les plus saines d’esprit. Elles sont de différents types et peuvent prendre les formes les plus variées.

Ce n’est pas parce que ce trouble est assez répandu qu’il devient moins inquiétant pour les personnes qui en souffrent.

Voici quelques informations qui vous aideront à démystifier en partie ce phénomène bizarroïde.

Les types d’hallucinations nocturnes : hypnagogiques ou hypnopompiques

Les hallucinations nocturnes se produisent typiquement au cours de la première ou de la dernière phase du sommeil. Les hallucinations hypnagogiques ont lieu au moment où la personne s’apprête à s’endormir. Quant aux hallucinations dites hypnopompiques, elles surviennent au cours des premiers instants de l’éveil. Les deux types d’hallucinations peuvent être très claires et précises, comme si elles étaient bien réelles.

Les hallucinations des deux types peuvent prendre toutes sortes de formes. Elles peuvent être visuelles (apparition d’insectes, de monstres, de voleurs, etc.) ou auditives (impression de percevoir un bruit, une musique, une voix, un bourdonnement, etc.). Les hallucinations peuvent aussi être kinesthésiques, c’est-à-dire qu’elles sont relatives au mouvement et à la perception du corps dans l’espace, et qu’elles peuvent donner à la victime l’impression qu’elle bouge, que la pièce bouge, qu’on la touche, etc. Il arrive que les hallucinations soient mixtes. Par exemple, l’infortuné dormeur pourrait bien avoir l’impression qu’une sorcière hideuse et hurlante est montée dans son lit pour tenter de l’étrangler. Il ressentirait alors la sensation d’étranglement, tout en discernant très clairement les traits de l’intruse et en percevant ses cris stridents. De quoi, admettons-le, donner des sueurs froides aux plus raisonnables d’entre nous!

Que sont les hallucinations nocturnes

Les hallucinations nocturnes durent généralement quelques secondes à peine. Elles peuvent se produire très rarement ou plus fréquemment, mais il est rare qu’elles surviennent plus de quelques fois par mois. Les gens qui en souffrent les confondent parfois avec un simple cauchemar, car elles surviennent au cours de périodes tampons entre sommeil et veille. Finalement, les hallucinations du sommeil peuvent s’accompagner d’épisodes de somnambulisme, lesquels peuvent être potentiellement dangereux. On note aussi que les victimes d’hallucinations sont plus enclines à parler en dormant.

Les causes possibles des hallucinations

Bien que les hallucinations puissent toucher de nombreuses personnes, certains facteurs ont été identifiés comme étant possiblement liés au phénomène. Les causes peuvent être très variables et sont d’ordre psychologique, neurologique ou comportemental. Parfois, il est impossible de déterminer la cause des hallucinations chez une personne donnée. C’est pourquoi la liste qui suit n’est absolument pas exhaustive.

Troubles du sommeil

Les gens souffrant de troubles du sommeil, par exemple la narcolepsie (besoin irrépressible de dormir pouvant survenir à n’importe quel moment) ou la paralysie du sommeil sont plus souvent sujets aux hallucinations du sommeil. Sont également plus à risque les gens qui ne dorment pas assez ou qui souffrent d’insomnie chronique.

Troubles psychologiques ou psychiatriques

Les personnes anxieuses ou en proie à la dépression, ainsi que celles présentant un trouble bipolaire sont plus à risque, tout comme celles qui souffrent d’un stress intense, temporaire ou non. C’est également le cas de celles souffrant d’un trouble psychotique comme la schizophrénie.

Usage de substances

Les hallucinations du sommeil peuvent être induites par la consommation de psychotropes en tous genres. Si les drogues dites « récréatives » peuvent y être pour quelque chose, c’est également le cas de certains médicaments prescrits par les médecins, notamment les benzodiazépines, utilisées pour traiter l’anxiété et l’insomnie.

Lésions au cerveau

Les hallucinations peuvent être causées par une lésion ou une tumeur au cerveau, ou encore d’autres troubles neurologiques. Ne paniquez pas! Les lésions au cerveau sont rares et, même si vous êtes en proie à des hallucinations du sommeil, il y a peu de chances pour que cela en soit la cause.

Comment se débarrasser des hallucinations

Si les hallucinations n’ont souvent que des conséquences bénignes, elles peuvent nuire sérieusement à la qualité de vie des individus qui en souffrent. Certains d’entre eux finissent par avoir peur d’aller dormir tant les apparitions qui les assaillent en pleine nuit sont terrifiantes!

D’autres, en proie à des épisodes de somnambulisme, peuvent en venir à se blesser physiquement, voire à s’attaquer à leur conjoint. D’ailleurs, les épisodes d’hallucinations ne sont pas faciles pour la vie de couple. Même s’il n’est pas évident de dire adieu aux hallucinations, certaines mesures peuvent être prises pour essayer de les enrayer ou, à tout le moins, de limiter leur incidence.

Essayez d’avoir un horaire de sommeil régulier et de dormir suffisamment. Pour les insomniaques, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Essayez de pratiquer la méditation ou des techniques de relaxation, ou encore de lire un bon livre. Chaque personne doit trouver ce qui lui convient.
Il est préférable d’éviter de consommer des substances psychotropes, comme l’alcool, les drogues et certains médicaments.
Si on vous a prescrit des pilules pour dormir et que vous avez des hallucinations, parlez-en à votre médecin, qui vous aidera à trouver une solution alternative.
Si vous souffrez d’hallucinations nocturnes sur une base régulière, il pourrait être bénéfique d’envisager de consulter un neurologue, un spécialiste du sommeil ou un psychiatre, dépendamment des circonstances. En effet, puisque de nombreuses affectations peuvent être à l’origine de ce trouble particulier, le véritable problème pourra ainsi être dépisté et traité en soi.
Il ne reste plus qu’à espérer que vous parviendrez à reprendre le contrôle sur vos nuits!